Maladie des vaisseaux lymphatiques
Les vaisseaux lymphatiques forment, avec les ganglions, le système lymphatique. Les vaisseaux lymphatiques véhiculent la lymphe provenant des différents organes constituant l’organisme. Les ganglions, mot dérivé du grec qui veut dire glande, sont de petits organes lymphoïdes situés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. Les anatomistes préfèrent le terme de nœud lymphatique.
Le sang, amené par les artères, traverse les organes et leurs tissus puis est repris par les veines. Toutefois, des fractions très infimes du liquide ayant diffusé dans les tissus y restent prisonnières au niveau de l’interstitium baignant les cellules des organes irrigués par les capillaires qui sont le terme ultime de la circulation sanguine à ce niveau: lorsqu’elles s’accumulent peut survenir un œdème. Le sang artériel est riche en éléments nutritifs (oxygène, molécules provenant de la digestion, hormones libérées par les tissus endocrines, et cetera) qui transitent aussi dans cet interstitium avant de pénétrer dans les cellules des organes irriguées, lesquelles émettent en retour des « déchets » (gaz carboniques, produits du catabolisme, débris cellulaires, et cetera) qui transitent également dans cet interstitium avant d’être repris par la circulation veineuse.
Les vaisseaux lymphatiques vont épurer l’interstitium de tous ces éléments. La partie liquidienne est appelée la lymphe. La lymphe contient en suspension les autres particules plus ou moins déjà détruites par les systèmes de défense présents dans les tissus. Les vaisseaux lymphatiques vont reconduire la lymphe dans la circulation sanguine en remontant vers le cou et en s’abouchant dans les veines à ce niveau. Les ganglions présents sur le trajet de ces vaisseaux filtrent la lymphe et poursuivent le travail d’épuration grâce au tissu lymphoïde les constituant: ils font partie du système de défenses immunitaires de l’organisme.
Les vaisseaux lymphatiques naissent dans les interstitiums au contact des capillaires sanguins, par des micro-éléments qui sont eux aussi des capillaires. Ils se poursuivent par des vaisseaux appelés pré-collecteurs puis collecteurs, qui confluent plus ou moins progressivement et vont, pour la majorité d’entre eux, constituer un collecteur majeur appelé canal thoracique. Les pré-collecteurs sont dotés de valves qui empêche la lymphe de refluer et qui obligent à sa progression, et les collecteurs sont également pourvus de fibres musculaires lisses. Ces fibres musculaires lisses se contractent spontanément de façon rythmique tout comme le font les fibres musculaires du cœur et permettent à la lymphe d’être drainée de façon active. L’origine du canal thoracique est située à la partie haute de l’abdomen, juste au dessous de son entrée dans le thorax. Les collecteurs qui le constituent drainent la lymphe des membres inférieurs, de la moitié inférieure du tronc incluant les lombes et des organes uro-génitaux. Des collecteurs particuliers arrivent à ce niveau drainant la lymphe du tube digestif (tronc des collecteurs gastro-intestinaux): ils sont particuliers car leur lymphe contient le produit de la digestion des graisses qu’on appelle le chyle.
Les maladies des vaisseaux lymphatiques sont nombreuses et encore mal comprises. Si on excepte les maladies congénitales, on peut schématiser leurs origines et conséquences de 2 façons: interruption ou insuffisance de fonctionnement. L’interruption est souvent le fait dune agression extérieure soit pathologique (envahissement du système lymphatique par un cancer par exemple) soit iatrogène (curage ganglionnaire, radiothérapie, et cetera). Dans ces cas, les vaisseaux lymphatiques des territoires drainés sont interrompus et ne peuvent plus assumer leur fonction. Sous la persistance de l’afflux de lymphe lié à leur activité pulsatile, ils se surchargent, deviennent incontinents, la lymphe reflue par insuffisance valvulaire mécanique, et est à l’origine d’œdème, de lymphoedème, et de toutes les conséquences et complications que cela entraine.
En cas d’insuffisance de fonctionnement, pour des raisons non encore identifiées (atteintes virales, troubles musculaires, et cetera), le vaisseau lymphatique devient incontinent et ne peut plus assurer sa fonction de drainage. Les mêmes phénomènes que ceux observés précédemment vont donc également se produire.
Heureusement, le système lymphatique est doté d’une grande plasticité et de beaucoup de possibilités d’autorégulation. Grâce à ses facultés de lymphangiogenèse, des voies de dérivations peuvent se développer et venir pallier aux incapacités et insuffisances des systèmes déficients.
Toutefois, quand ceux-ci ne peuvent pas se développer, on peut assister à des états invalidants tels les lymphoedèmes observés après traitement des cancers du sein ou quand leur développement reste insuffisant à des états préoccupants comme les chylothorax.